La Dibona (3130m) à Vélo depuis Grenoble - Voie du Nain AD 5a>4c P1+

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L’important ce n’est pas la destination, c’est le voyage
Robert Louis Stevenson

À la base on voulait se trouver un bon spot pour 4 jours de grimpe sans partir loin. Sur le papier, pas très compliqué !

Mais cela faisait un moment qu’on parlait aussi de faire notre premier trip d’escalade à vélo. Alors quand quelqu'un a proposé de partir faire la Dibona (3130m), et plus particulièrement Visite Obligatoire, et d’y aller en vélo, ça a mis tout le monde d’accord. Tant pis on aura qu’un voir deux jours de grimpe max mais l’aventure vaut le coup d’être vécue !

La météo n’était clairement pas fameuse, 36°C pour la journée de vélo, risque d’orage une fois sur place, un régal en prévision👌 Mais bon, au pire, on trouverait toujours de quoi grimper sur la route et on un refuge pour les repas.

Le plan était simple : 1 jour de vélo, 1 jour d’approche et grimpe, 2ème jour de grimpe et 1/2 journée de retour en vélo.

Comme toute première fois, tout est à apprendre à commencer par la capacité de chargement d’un vélo. Tente, tarp, cordes, matériel de réparation, sac de couchage, réchaud, nourriture & eau, vêtements de pluie, matériel de grimpe et nous voilà chargé chacun avec ~20kg sur chaque vélo. (On se rendra bien évidemment compte plus tard que prendre 4L d’eau par personne sur le vélo n’était pas très futé en traversant autant de villes & villages).

Matériel chargé sur le vélo pour aller à la Dibona
Matériel chargé sur le vélo pour aller à la Dibona

Tout cela réparti dans 2 sacoches de 25L et un sac de 40L qu’on utilisera pour faire l’approche.

L'approche à vélo : de Grenoble aux Étages

📂 Tracé GPS

Départ 5h pour éviter les grosses chaleurs et nous voilà en route, à l’assaut de ces 80km et ~1400d+ qui nous séparent des Étages, lieu du bivouac de ce soir.

On est assez surpris comme on oublie vite le poids sur le vélo une fois lancé et en 3h on arrive à Bourg d’Oisans, plus de la moitié de la distance mais clairement pas la moitié du dénivelé, le plus dur nous attend !

Une magnifique voie verte nous amène à Venosc au travers de la forêt et en longeant de magnifiques parois avant de rejoindre les bords de route moins intéressants bien que peu fréquentée.

Après une longue pause sieste et admiration devant les parapentistes on est reparti à l’assaut des 20 derniers kilomètres. La montée fut dure, très dure, au point ou chaque épingle qui précédait St Christophe en Oisans nécessitait une pause…

Arrivée sur la magnifique route de la Bérarde, les Étages ne sont plus loins
Arrivée sur la magnifique route de la Bérarde, les Étages ne sont plus loins

Ce n’est qu’après 10h depuis le départ que nous arrivions, pas peu content de soulager notre postérieur.

Après avoir demandé aux habitants, on suit leurs conseils et on installe le bivouac en contrebas de la route, au bord du torrent.

La montée au Refuge du Soreiller sous le soleil

Après une bonne nuit bercé par le bruit du torrent et un réveil plutôt tardif, on attaque la montée au Refuge du Soreiller.

La météo ne s’était pas trompée, le soleil et la chaleur nous ont bien fait peiner dans cette montée et ce n’est que 2h45 après qu’on se retrouve au pied de cette face Sud majeure qu’est celle de la Dibona (3130m).

Impressionnante par sa taille, sa forme qui s’effile jusqu’en haut pour ne devenir, vu d’en bas, qu’une aiguille et sa proximité.

La météo semble tenir contrairement aux prévisions et ça s’annonce bien pour l’après midi

Montée au Soreiller avec la Dibona au centre
Montée au Soreiller avec la Dibona au centre
Campement installé sur les plateformes de bivouac à côté du Refuge du Soreiller
Campement installé sur les plateformes de bivouac à côté du Refuge du Soreiller

C’est depuis ces plateformes idéales pour la tente surplombant toute la vallée que l’on appréciera la vue magnifique sur tous les sommets alentour.

Après un bon plat de pâtes on commence à regarder les itinéraires courts possibles sur les faces environnantes. Ce n’est qu’au moment où l’on trouve 2-3 longueurs en 5b+ max que le ciel se couvre en 5 min et la pluie s’abat sur le refuge. Inutile d’espérer que ça sèche, l’après midi sera sous la tente à se reposer et contempler le paysage.

Vue depuis la fin de la montée au Soreiller
Vue depuis la fin de la montée au Soreiller

L’heure du repas approchant, on se rend au refuge pour rencontrer et discuter avec tous les grimpeurs et grimpeuses présents. L’ambiance est très conviviale et les projets de chacun nous font tous rêver. On comprends aussi très vite que notre idée de base, Visite Obligatoire semble compromise au vu de la météo annoncée, orage à 14h, et du fait que nous soyons une cordée de 3. On préfère changer de plan que ce se retrouver bloquer dans la face, comme ces 3 cordées aujourd’hui, arrivée à R9 qui ont décidé de tout redescendre en rappel car ils n’arrivaient plus à progresser à cause de la pluie…

On jette notre dévolu sur La voie du Nain qui passe par la brèche des Clochetons, une voie bien plus facile et bien plus courte qui nous permettrait en cas d’orage de nous échapper facilement après 4 longueurs par le retour de la voie normale.

À écouter les annonces aux gardiennes des courses prévues demain, nous n’étions pas les seuls à avoir eu cette idée, l’idéal serait d’être les premiers au pied de la voie pour ne pas attendre.

Pendant tout le repas on voyait la pluie et le vent frapper contre les vitres du refuge, quel plaisir d’être là, au chaud, plutôt que sous la tente et le tarp ! “Oh! Le tarp !” 30 secondes de doutes nous submergent sur le fait qu’on l’ai assez bien attaché. Rapidement évacué par les doux plats que l’on nous sert, les dés sont déjà jetés, on verrait bien à la fin du repas.

En sortant du refuge, le brouillard épais maintient le suspense jusqu’au bout et ce n’est qu’en arrivant à 20m de la tente qu’on voit que le tarp est bien là… mais complétement couché. Le duvet et l’ensemble des affaires qui étaient dessous ont pris un peu l’eau.

La voie du Nain par la Brèche des Clochetons et la voie normale de la Dibona

👥 Les ouvreurs

Le premier parcours a été fait par Gaétan et Pascal Junique en 1998.

Dans le groupe, on est pas tous égaux face au réveil, le compromis avait été trouvé hier soir avant de se coucher mais je doutais fort que nous soyons les premiers avec cette heure de départ…

2 cordées devant nous dont une de 3, c’était sûr… On préfère attendre bien longtemps au début pour ne pas se coller aux relais. Mais on voit le bon côté des choses , honnêtement, on a vu pire pour attendre : un cirque magnifique avec l’Aiguille Centrale et l’Orientale du Soreiller, les Tours Rouges de l’Aiguille Orientale, un paysage magnifique !

On sympathise avec la cordée devant nous qu’on retrouvera au sommet et au refuge le soir même.

1h après nous voilà parti dans la voie. Une première en granit pour moi qui fut TRES content de ne pas être parti dans Visite Obligatoire tellement je suis surpris d’une telle différence de grimpe. Beaucoup d’adhérence ou pieds à plats, très peu de prises franches comme sur du calcaire, tout est à réapprendre.

Les 4 longueurs s’enchaînent bien avec un niveau très homogène et deux petits pas sur le début. Au fur et à mesure que les difficultés baissent, les points s’écartent et rajoutent un peu d’ambiance !

La Dibona sur la gauche depuis la Brèche des Clochetons
La Dibona sur la gauche depuis la Brèche des Clochetons

On aperçoit désormais sur notre gauche la suite des festivités, les 3 longueurs plus “terrain montagne” de la voie normale où l’on voit défiler les grimpeurs qui y descendent après être (déjà) sortis de la face Sud.

Une petite pause, quelques photos et nous voilà partis pour zigzaguer entre les grimpeurs qui finissent leur course pour, nous, atteindre le sommet.

On laisse une puis deux puis trois cordés passer avant de comprendre que si l’on veut monter il ne faudra pas attendre que cela soit libre…

On y croisera d’ailleurs M. Pujadas et ses enfants accompagnés d’un guide venu faire la voie normale, une rencontre inattendue !

On croise nos compatriotes d’attente dans la montée et on continue les 2 longueurs, un peu légère en protection à notre goût (1 ou 2 friends auraient été confort), jusqu’au sommet.

Vue depuis le sommet de la Dibona
Vue depuis le sommet de la Dibona

Quelques minutes pour apprécier ce paysage et nous faisons demi-tour pour rejoindre les rappels et rattraper nos compères.

C’est à 5, avec la cordée qui nous devançait, qu’on redescend tranquillement dans les pierriers pour rejoindre le refuge en se remémorant les paysages magnifiques qu’on voyait de là haut.

La météo avait finalement tenue, pas un nuage à l’horizon, un réel bonheur !

Un rapide topo et on décide, par manque de nourriture, de manger au refuge (vraiment pas de chance!) ce soir et de descendre après le repas dormir au bord de notre doux torrent ce soir;

La descente avant le coucher du soleil nous offre des lumières majestueuses sur les sommets qui nous font face et l’image du chemin qui serpente dans la combe nous rappelle que le chemin n’est pas terminé !

Equipé de mes meilleurs batons Guidetti à l'assaut de la descente du Refuge du Soreiller vers les Étages
Equipé de mes meilleurs batons Guidetti à l'assaut de la descente du Refuge du Soreiller vers les Étages

Retour à vélo à Grenoble

Le cuissard enfilé, le vélo chargé, seulement 1L d’eau rempli et nous voilà en selle !

Quel bonheur de re-croiser toutes les épingles qui nous ont tant fait souffrir à l’aller et de filer si vite vers la maison. Nouveau passage par cette jolie voie verte jusqu’à Bourg d’Oisans puis c’est parti pour 50km de descente jusqu’à Grenoble.

Bien que plus fréquentée qu’à l’aller, le fait qu’on descende nous permet de ne pas être tant dérangé par les voitures qui défilent.

12h et nous voilà rentré, la sieste nous attend et quelques jours de repos ne feront pas de mal!

Une aventure atypique

L’important ce n’est pas la destination, c’est le voyage” Robert Louis Stevenson

Cette phrase a pris tout son sens après cette aventure ! La grimpe était initialement le but mais le chemin pour y accéder s’est avéré être tout aussi, voire plus, enrichissant et satisfaisant !

Arrivé au sommet de la Dibona (3130m), on savait que l’aventure n’était clairement pas finie, le chemin était encore long jusqu’à la maison.

🙏
On remercie mille fois les gardiennes du Refuge du Soreiller qui nous on accueilli et nourris comme des rois ! Des repas pour tous régime alimentaires originaux, très très bons et très copieux !

On ne peut donc que vous conseiller, si ce n’est pas déjà fait, de partir grimper à vélo 🚵 Que ce soit monter dans le Vercors au Rocher de Gonson ou tirer plus loin dans les Ecrins ou ailleurs !

PS : On était 2 sur 3 à n’avoir jamais fait plus de 40km et 500d+ et clairement pas habitué à pédaler plus de 15km, c’est accessible à tous !

Aquarelle de Fanny Audigé

Et pour fêter la réussite de ce projet, on a demandé à Fanny Audigé, illustratrice Grenobloise, de nous réaliser une aquarelle représentant le tracé de la Voie du Nain passant par la brèche des Clochetons.

Voie du Nain - Brèche des Clochetons & Dibona (3130m) -  Aquarelle de Fanny Audigé
Voie du Nain - Brèche des Clochetons & Dibona (3130m) - Aquarelle de Fanny Audigé

N'hésitez pas à la contacter directement depuis son site ou son compte Instagram si vous souhaitez passer commande d'une voie ou d'un paysage en particulier.
Toutes ses autres créations sont en vente à la boutique Signature.s à Grenoble (7 Rue Raoul Blanchard, 38000 Grenoble)

👋 Avant de partir

Ci-dessous les ressources dont vous pourriez avoir besoin pour votre sortie !

🛌 Le site du Refuge du Soreiller
🧗 Topo de la Voie du Nain
🗺 L'ensemble des itinéraires depuis le Refuge du Soreiller

📸 Les images

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