Arrivés dans la région il y a maintenant un peu plus de 3 ans, le Néron (1298m) est omniprésent dans mon quotidien, et est clairement une montagne qui m'attire.
Son côté sauvage, hostile, technique, exposé et austère, l'amène à être (et de loin) un des sommets le plus proche de Grenoble mais le moins parcouru.
⚠️ L'itinéraire passant en pleine paroi, la précision du GPS est altérée, toujours suivre les balisages plutôt que la trace GPS dans ces moments
Après l'avoir fait pour la première fois 2 mois après mon arrivée par la traversée des arêtes Sud->Nord, je l'avoue, la fleur au fusil, et m'être rendu compte de la faible vitesse à laquelle on progresse sur ce genre de terrains, cette envie de découvrir tous les sentiers d'accès que les anciens ont ouvert ne me lâche pas.
Car, outre les sentiers dit "classique" (si accès classique il y a pour un sommet tel que le Néron) au départ de Narbonne par la passerelle Hippolyte Müller, de nombreux autres sentiers existe, plus ou moins exposés, plus ou moins parcourus (et donc encore accessibles) et plus ou moins connus !
Le projet du jour est d'atteindre le sommet Nord du Néron en passant par le sentier des plaques, le grand saut et terminer par l'arête des Ecureuils.
Un ami à moi m'avait parlé de son parcours il y a de ça presque 10 ans et je ne trouvais aucune info récente concernant son état. Jusqu'au jour où, coup sur coup, 4 personnes ont rentré un CR sur le topo Camptocamp.
Visiblement c'était bel et bien encore accessible et pas tant difficile & exposé.
Il n'en fallait pas plus !
Rejoint par un copain, on se motive à aller explorer ce sentier.
L'itinéraire
Au départ du complexe sportif Jean Balestas, on prend le sentier qui longe les batiments et qui monte droit vers le Néron.
Après une courte montée un peu raide, le sentier se sépare en deux : à gauche direction la Monta et à droite vers le sentier des plaques.
Le sentier des plaques
Rapidement, le sentier se raidit franchement et navigue autour d'une conduite (forcée? prise d'eau ?) que l'on remonte. S'en suit quelques lacets toujours très raides et une remontée de ravine efficace.
On y croise d'ancien aménagement notamment un style de puits ou réserve d'eau, sûrement sur une source tout recouvert de mousse.
Après un peu moins d'une trentaine de minutes, on rejoint le pied de la paroi et l'on y découvre un caillou de pas si mauvaise qualité contrairement à tout ce qu'on a entendu sur ce sommet.
On garde ça en tête pour y revenir grimper voir y ouvrir une ligne qui sait !
⚠️ Le Grand Saut
Arrivés au pied de la paroi, on suit désormais les marques bleues qui sont (très) nombreuses et permettent de nous guider dans cet enchevêtrement de vires, falaises et végétation.
On file donc vers le sud, en alternant courtes descentes et montées avant de rejoindre la première corde fixe qui est dans un état correct (06/2024).
Elle protège une portion du chemin qui s'est effondré et qui surplombe une belle barre de 20-30m je dirais.
On arrive ensuite rapidement au passage le plus grimpant ce qui doit correspondre au Grand Saut : une rampe de ~15m mi-caillou mi végétale à remonter en ascendance droite et "protégée" par un câble très rouillé et usé qui ne donne pas envie d'être tiré.
Le sentier des Charbonniers
Une fois le grand saut franchi, on rejoint, par quelques crapahutages et passages rocheux et grimpants, le sentier des Charbonniers.
Celui-ci relie le poste romain au belvédère de Guy Chérie en passant par le sommet du sentier de la fontaine vierge et le sommet du grand Saut où nous sommes.
Tous ces repères lus et relus en étudiant les différents sentiers prennent enfin tous leurs sens 😃
On prend donc le sentier vers le Nord pour rejoindre le bloc erratique.
Bloc erratique de la Mûre
Le sentier alterne entre forêt, pierriers, petits lapiaz, le tout en montant doucement.
Une fois que la végétation se densifie, on aperçoit un premier bloc de granit de 3-4m, on sent qu'on approche.
Ce n'est que 50-100m plus loin qu'on rejoindra le fameux bloc erratique sur lequel un panneau en bois écrit au jaune effacé confirme nos pensées.
Ce bloc de granit de +10m de long date de la dernière ère glaciaire et est originaire de La Mûre, il a été transporté jusque là par les mouvements de glaciers et git désormais ici, en plein massif calcaire.
À son niveau, prendre à gauche amène au belvédère Guy Chérie (non fait) et à droite amène à l'arête des écureuils, la suite du programme.
L'arête des Ecureuils
On quitte rapidement la forêt pour rejoindre la très esthétique arête des écureuils. Du pied on observe tout le cheminement qui nous reste à parcourir pour atteindre le sommet nord.
Bien que loin du compte, on est ravi de rejoindre une portion qui paraît plus grimpante et on compte bien se délecter de chaque pas de varappe!
Et d'ailleurs, pour notre plus grand bonheur, les balisages bleus doivent avoir été fait par des marteaux de la grimpe comme nous car chaque mini pas d'escalade est valorisé à défaut d'être contourné par le sentier évident 2m à gauche, un régal !
Le caillou est magnifique, cannelure, trous, échelles, pilier, vraiment c'est très agréable de parcourir un caillou si neuf et esthétique que celui là.
On est pas sur une voie d'ampleur ou majeure comme dirait les grimpeurs.es mais sur un itinéraire alpin très agréable à parcourir.
Le ravin Ulrich
Sur la fin de l'arête on commence à voir, à notre droite, le ravin Ulrich qui sépare l'arête des Ecureuils sur laquelle nous évoluons d'une grosse masse rocheuse qui marque la dernière difficulté de la traversée des aretes Sud ->Nord.
Le sommet nord du Néron (1294m)
L'arête se termine au niveau de la croix rouge marquant le sommet Nord du Néron et ses 1294m.
De là, une vue à 360° nous est offerte et nous permet désormais de voir les sommets Chartrousins tels que le St Eynard (1379m), l'Ecoutoux (1406m), Chamechaude (2082m) ou encore la Pinéa (1771m) et l'Aiguille de Quaix (1143m).
On reprend aussi conscience du caractère assez effilé des arêtes du Néron en étant quasi dans leur axe 👇
La grotte du colonel Brun
Après une courte descente vers le Nord en suivant les balisages bleus, on rejoint la bifurcation du couloir de clémencières.
Je propose d'aller finir l'exploration de la grotte du Colonel Brun que j'avais entamé lors de mon précédent passage mais par manque de courage et de motivation je n'étais pas allé très loin.
En basculant face Est, on prend le sentier balisé bleu qui descend à gauche (le sentier à droite mène au couloir de clémencières).
Au bout de ~20m on trouve l'entrée de la grotte.
Moyennant 2-3 pas de désescalade, nous voilà au coeur de la montagne.
Frontale allumée, on part en visite des lieux.
La grotte, bien qu'étroite, offre une belle hauteur sous plafond de 6-8m je dirai ainsi que de jolies formations calcaires.
On descend le couloir sableux jusqu'à son terme où l'on bute sur de gros blocs coincés.
On observe deux sorties: une par le haut et une par le bas.
Essayant de les rejoindre on bute coup sur coup sur 2 passages très exposés sur du caillou moyen pour le haut et entrecoupé d'un saut de 5m pour le bas... Tant pis !
L'arche du Néron
Tout juste sortis de la grotte, je m'égare encore à explorer les alentours pour essayer de trouver les sorties observées depuis l'intérieur.
Et c'est, par chance, que tombe sur une magnifique arche (?) formée par un énorme bloc coincé entre deux parois.
Inconnue et non référencée ailleurs, je suis très étonné de tomber sur cette formation !
Elle offre un point de vue génial sur le village de Proveysieux à travers ce qu'on pourrait appeler l'oeil du Néron 👇
Les batteries du Néron
Après toutes ces explorations, on entame la descente par le classique couloir de clémencières avant de bifurquer à gauche sur le couloir de Quaix un peu plus bas au niveau d'un cairn très visible.
La descente est efficace, tout comme la montée, et descend raide dans un terrain particulièrement glissant.
On longe les parois rocheuses et l'on reste attentif à la fin de l'arête Nord qui marque le début d'une voie ouverte par Philippe Gay et Stéphane Vallon appelée "Variations orientales" que l'on souhaite parcourir prochainement.
Arrivés aux batteries, on en profite pour faire un léger détour de 100m pour (re)découvrir le tunnel initialement conçu pour la fabrication de munitions.
Ce dernier est atypique avec ses différentes pièces adjacentes et plus ou moins grandes (10 à +60m²) relativement bien conservées !
La journée se termine avec la descente, raide pour ne pas changer, jusqu'à la Monta à Saint Egrève.
🛠️ Matériel
Ne connaissant pas l'état du sentier des plaques et du passage câblé du grand saut, nous avions pris un baudrier et un brin de corde mais ils ne nous ont finalement pas servi.
Un pied sûr sur ce genre de terrain et des conditions idéales (⚠️ ne pas y aller si terrain humide) suffisent amplement.
⏳ Durée
5h toutes pauses incluses pour 8.7km et 1200d+.
💬 Notre avis
Grand fan de ce type d'itinéraire avec des parties aériennes et qui grimpent un peu, je ne peux que conseiller cette boucle.
Néanmoins, cela reste une sortie sérieuse et exposée par endroit sur lesquels la chute est interdite et un demi tour compliqué.
Itinéraire sérieux et exposé par endroits
La vue que nous offre cette montée, bien que sur la vallée et la civilisation, est vraiment cool et c'est assez jouissif de gravir cette montagne par cette face qu'on observe quotidiennement depuis chez nous.
👋 Avant de partir
📒 Topo Néron par le sentier des plaques, le grand saut et l'arête des écureuils📸 Les images
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