Toujours attiré par découvrir de nouveaux paysages, nouveaux sommets dans ce massif si près de chez moi qu’est la Chartreuse, j’ai l'étrange manie de faire et stocker un nombre incalculable de traces GPS “pour plus tard”, qui sait, peut être un jour aurais-je le temps de toutes les parcourir!
Ayant un peu plus de temps en ce mois de juillet, j’ai bien l’intention d’aller en faire quelques unes.
Quelques secondes de discussion suffirent pour convaincre un ami du trail de se joindre à moi et transformer cette idée en une aventure de 2 jours de 70km passant par plus de 15 sommets de Chartreuse.
Avec l'idée de se préparer pour nos projets respectifs à coup de traversée de Belledonne en 4 jours pour l'un et en 35h pour l'autre ou encore une itinérance dans les cerces de 5 jours et 160km en trail, on décide de partir chargé comme en rando avec un sac de ~40L et ~13kg eau comprise.
Aucune pression de temps sur cette sortie mais l'envie de se pousser un peu pour faire travailler à la fois les jambes et le cardio !
Sommets au programme de cette bambée :
- Piton et Dôme de Bellefont (1953m et 1975m) ;
- Lances Sud et Nord de Malissard (2045m et 2036m) ;
- Grand Manti (1850m) ;
- Roche de la Fitta (1737m) ;
- Le Pinet ou "Turc" (1867m) ;
- Mont Outheran (1686m) ;
- Le Corbeley (1420m) ;
- Mont Pellat (1450m) ;
- Pointe de la Gorgeat (1486m) ;
- Mont Joigny (1559m) ;
- Pointe de la Bornée (1507m) ;
- Pointe de l'Essort (961m).
📂 Tracé GPX interactive
Jour 1 : Cinq sommets entre brume et soleil
📂 Tracé GPX interactive
Souhaitant tout faire en mobilité douce, on part de Grenoble, Place de Verdun, en bus avec le T80 à destination de Saint Nazaire les Eymes en espérant monter en stop sur le plateau des Petites Roches pour rejoindre notre départ.
La chance ne sourit qu’aux audacieux.ses!
Un mec descend du bus et se dirige vers le parking, on flaire le moyen de monter sans même lever le pouce, bingo ! Lui et sa pote monte à l'école de parapente !
Bon, je pense que sans eux, on y serait peut être encore. Avec du recul c'était peut être un peu trop audacieux de vouloir monter à 7h en stop un mardi, heure où tout le monde descend pour travailler en vallée…
Arrivé bien plus rapidement qu’espéré dans nos plus beaux rêves, on ne se pressent pas pour retrouver une voiture et boucler les 2 derniers kilomètres qui nous séparent du départ initialement prévu.
Trois minutes de pouce levé suffiront à nous amener à bon port, quel plaisir d'avoir des gens habitués aux auto-stoppeurs.ses et qui n'hésitent pas une seconde pour te prendre !
Nous voilà au hameau le Prayer, lieu de notre départ pour cette nouvelle aventure
Pas de Montbrun
La montée du Pas de Montbrun ne déçoit pas nos attentes : 900m en 3.2km, autant vous dire que niveau efficacité, difficile de faire mieux !
La forêt se termine et nous dévoile l’incroyable paroi Est du massif. Visiblement imprenable par de modestes randonneurs, on découvre petit à petit le cheminement qui nous permet, moyennant quelques mains, de franchir ressauts après ressauts l’intégralité de la face.
Arrivé sur la prairie sommitale, les nuages sont bas et l’ambiance toute particulière. Un chamois s'écarte de notre passage pour aller finir sa nuit quelques dizaines de mètres plus loin.
Aveuglés par les nuages bien bas et le brouillard dense, on rate malheureusement les fameuses arches…
Piton et Dôme de Bellefont
Espérant, à chaque nouveau sommet avoir ne serait-ce que deux minutes d'éclaircie, on s’en tête à y monter : Piton de Bellefont (1958m), Dôme de Bellefont (1975m), lances Sud et Nord de Malissard (2045m).
On aura tout de même la chance de voir où mettre nos pieds pour monter sur la Lance Sud de Malissard (du moins ce qu'on pense être la Lance Sud!)
On reste tout de même sur notre faim et on compte bien revenir admirer ces beaux paysages avec un temps plus radieux.
On continue notre traversée en descendant du col de Bellefont en direction du passage de l’Aulp du Seuil et du Grand Manti (1818m).
Grand Manti
Interrompus dans notre descente par une marmotte bien dodue qui nous coupe le chemin, on s’arrête et la voit filer sur le sentier avec cette démarche si drôle et qui leur est propre.
Pile en dessous des nuages, on profite de la vue sur le vallon de Marcieu en longeant les falaises de la face Est.
On croise un garde de la réserve qui en profite pour nous rappeler les règles concernant le bivouac sur les hauts plateaux de Chartreuse : bivouac interdit sous tente ou tarp, seule la nuit à la belle étoile est autorisée pour des raisons évidentes de dérangement de faune.
Pas de problème de notre côté, on sera pas sur les hauts plateaux ce soir et on espère bien avoir notre belle bourgade a l’Outheran.
Initialement tracé par le sangle de l’Aulp du Seuil, on ne voit, sur le moment , que peu d'intérêt à y passer vu la météo. On restera donc sur les crêtes jusqu'au Grand Manti (1818m) avant de plonger rejoindre le sangle du Fouda Blanc sous la Roche de Fitta (1737m) et le Pinet (1867m).
Roche de la Fitta & Le Pinet
Après s’être perdu dans la purée de pois au dessous du Grand Manti, on retombe enfin sur le Habert de la Dame, cabane privée réservée aux bergers.eres.
De là, on retrouve le GR9 jusqu’en dessous du Pas de l’échelle où l’on bifurque sur le sangle du Fouda Blanc sous la Roche de Fitta.
Le temps ne s’est pas amélioré mais on espère toujours apercevoir un semblant de vue.
Les parois défilent et pour un sangle aérien comme le décrivait le topo, avec une vue à 10m il n’en est plus vraiment un...
On décide de faire une pause repas au milieu du sangle en espérant qu'après le repas, les nuages se seront dissipés et l'on pourra (enfin) apprécier ce sangle à sa juste valeur !
Avant et après le repas sur le sangle du Fouda Blanc sous la Roche de la Fitta
Malgré la nette amélioration de la météo, on ne bénéficie pas encore d'une vue sur la vallée...
De ce fait, on décide de quitter le sangle avant le Pinet ne sachant pas trop en plus si la suite permettait de sortir (après vérification il continue jusqu'au Pinet). La sortie, très surprenante et ludique, ne m’aurait clairement pas attiré au premier abord sans avoir lu le topo : on se faxe littéralement dans une courte cheminée ~3m (sacs à faire passer avant!) pour atteindre le plateau, impressionnant mais rien de très compliqué !
De là on rejoint le Pinet et ses 1867m qui, paraît-il, surplombe Epernay et offre une magnifique vue sur l’Outheran… Personnellement, je ne crois que ce que je vois 🤐 et là je ne vois rien !
La descente déroule bien jusqu'à la Cabane de l’Alpette et son col homonyme avant de se raidir avec de beaux lacets en forêt jusqu’au hameau de la Plagne.
Entremont le vieux
Si marcher ça creuse alors courir !
On se voit espérer un bon fromage du coin pour ce soir ainsi qu’un bon goûter à l'excellente pâtisserie du village.
On passe d'abord remplir nos réserves d'eau à la fontaine du village pour ce soir et demain, de quoi bien se recharger pour la dernière montée.
Malheureusement seule un de nos deux gourmandise sera satisfaite, la pâtisserie étant fermé un jour par semaine fallait que cela tombe aujourd'hui..
Et quel dur choix que de ne pas céder à ramener un peu de tous ces beaux et bons fromages à si prix si attrayant pour la maison. Cela n'a pas que du bon la mobilité douce hein, obligé de se priver de toutes ces bonnes choses pour le bien de notre dos ! 🥺
Trêve de grignotages, la dernière montée nous attend et c’est pas la plus facile.
Cabane de l'Outheran
Les nuages ont disparu et la chaleur est arrivée.
Avec du recul, c'était pas si mal les nuages toute la journée, on a pas souffert au moins !
Divisée en deux parties d'abord jusqu'au Désert d’Entremont et ensuite jusqu'à la Cabane de l’Outheran, elle nous secouera comme il faut à ne plus en redemander du tout.
Les derniers mètres en forêt nous paraissent interminables, j’en arrive même à voir des hallucinations de cette cabane.
Mais elle se dévoile enfin, entre deux arbres, cette (très) petite cabane qui nous accueillera pour la nuit.
Rapide visite de la Cabane de l’Outheran : une porte, 4 murs, un toit qui a l’air de tenir la route, un poêle à bois que je n’allumerais personnellement pas vu l’évacuation bancale, un espace couchage de 2-3 places avec matelas emballé un peu vieux au dessus duquel un petit espace de vie “assis” permettrait de faire à manger à l’abri.
Un peu dans son jus mais parfaite pour la nuit !
Après s’être rendu compte que le porteur de la nourriture avait oublié la moitié (ouuups!), on se contentera des restes de midi et d'une bonne soupe chaude avec le froid de la soirée qui arrive.
Un peu déçu d'avoir porté la tente pour rien sur 37km, on sera finalement très satisfait de dormir dans cette cabane qui nous épargne la journée interminable d'un début juillet et nous permet de nous endormir dans une pénombre des plus totale en quelques minutes.
⏳ Durée
Total : 11h10 pauses comprises
🔜 Etapes suivantes
👋 Avant de partir
⛺ Chalet de l'Outheran📸 Les images
